"Depuis que j'ai eu mon 2eme enfant, l'équilibre de ma famille est rompu, nous sommes submergés !"

En France, le nombre d'enfants par famille oscille autour de 2 (plus précisément 1,8 selon l'INSEE 2018). Il n'est pas rare que les familles ressentent un besoin d'accueillir un petit frère ou une petite soeur après le premier bébé. Pourtant, l'image que nous avions de la famille ne ressemble pas toujours à la réalité.

Lorsque on attend le deuxième enfant, on projette une vie de famille comme un rêve. On se dit que les parents pourraient s'occuper chacun d'un enfant. On pense que bébé aura le même caractère que le premier, qu'il fera ses nuits aux mêmes dates, qu'il sera autonome comme l'a été le plus grand. Ou bien que les enfants s'entendront à merveille et que le plus grand veillera sur le plus petit.

Cependant, dès l'accouchement on se rend compte qu'on a beaucoup idéalisé la vie de famille

Bébé ne se présente pas forcément aussi facilement que le premier, il peut y avoir des complications. Quand on rentre à la maison, on pense pouvoir jongler entre les enfants et les tâches quotidiennes, mais le nouveau bébé n'a pas du tout le même caractère que le premier. Ses besoins émotionnels sont différents, son rythme biologique est différent. Il se reveille souvent la nuit, il réclame beaucoup d'attention et d'affection, il explore beaucoup et se met en situation dangeureuse, il mange comme un moineau ou refuse son lait.. Son frère / sa soeur ne s'adapte pas aux changements, les tâches ménagères s'accumulent, la fatigue prend le dessus, on cherche à rejeter la faute sur l'autre et notre couple en pâtit.

On réalise alors que son rythme de vie est en train de changer et qu'on n'a pas encore trouvé de fonctionnement adéquat pour revenir à un rythme stable, qui conviendrait à tous les membres de la famille. Cela rajoute une charge de travail au quotidien auquel personne n'était préparé. Il arrive même que les parents se fassent des reproches chacun de leur côté ou mutuellement. On se culpabilise de ne pas se sentir à la hauteur, de passer moins de temps avec le premier enfant, de ne pas comprendre les envies du deuxième. C'est un stade par lequel nous sommes contraint de passer pour pouvoir améliorer la vie familiale.

Comment accueillir bébé et continuer d'avancer sereinement ?

La première étape est la plus difficile car elle consiste à faire le deuil de l'image que l'on se projetait avant la naissance du bébé. En faisant table rase nous pouvons repartir sur de nouvelles bases en réorganisant l'intégralité du quotidien pour tous les membres de la famille.

Pour commencer nous pouvont rédiger sur papier la source des problèmes de façon claire et honnête. Demandons-nous, qu'est ce qui perturbe le plus notre équilibre ? Est-ce lié au manque de sommeil, aux charges de la maison, au travail, à l'éducation, au stress, etc ?

Puis, comment améliorer notre train de vie ? Sur quoi peut-on gagner du temps ? Qui peut travailler et à quel moment ? Comment créer du lien avec chacun des enfants ? Qu'est ce qui réduirait mon stress ?

Ces questions donnent l'occasion de changer certaines habitudes et d'en créer de nouvelles

Sur le moyen terme cela va permettre de résoudre certaines problématiques. Attention, il est important que les deux conjoints soient partenaires sur l'éducation et la répartition des tâches pour éviter que l'un d'eux ne se sente lésé ou surchargé.

Ce système permet de découper et graduer les dysfonctionnements récurrents. Il sera alors plus facile de se concentrer sur les problèmes les plus urgents. L'accumulation de contraintes empêchent parfois de les voir, mais des solutions sont à notre portée.

La seconde étape détermine le moment du lâcher-prise. Nous prenons nos décisions suivant un ensemble de valeurs qui nous est cher. Il y a des choses sur lesquelles nous n'avons pas envie de renoncer. Nous avons plein d'espérances pour nos enfants, peut-être que nous avons envie qu'ils aient le goût de la lecture, qu'ils mangent équilibrés tous les jours, qu'ils pratiquent un sport, etc. La question à se poser est la suivante : sur quoi peut-on faire l'impasse pour retrouver un équilibre ?

Par exemple, si nous dinons tous les soirs à 19h précises, on s'autoriserait à décaler l'horaire le week-end. Ou bien, si notre enfant prend toujours un bain, il se transformait en douche rapide ?

Nous avons listé tous les dysfontionnements lors de la première étape, en rédigeant nos problèmes du plus urgents au plus insignifiants, nous sommes à même d'en réduire certains, voir même de les faire complêtement disparaitre. En s'autorisant à lâcher prise, on ne devient pas forcément plus laxiste, mais plus flexible et adaptable.

La troisième étape n'est autre que de la confiance ! Vous avez un premier enfant qui va vivre lui aussi ces changements, c'est une occasion formidable pour lui déleguer de nouvelles responsabilités. Offrons-lui notre confiance en lui proposant d'effectuer des tâches dans la maison. En lui expliquant que son implication va aider et simplifier la vie de ses parents, il y trouvera une forme de reconnaissance.

N'hésitons pas à donner des missions à nos enfants, les plus jeunes participent souvent avec plaisir. Nous pouvons lui proposer d'être en charge de l'arrosage des plantes, de mettre son assiette dans l'évier, de passer l'éponge sur un plan de travail, de faire son lit, de ranger les chaussures, etc. A partir de 4 ans il a déjà les compétences pour participer à l'organisation de la vie de famille.

En réalisant ces étapes nous avons les outils pour améliorer notre quotidien et retrouver un équilibre au sein de notre famille.

Amandine Colomer, conseillère familiale